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Qu'en est-il en 2159 ?

Monnaie

Ces réflexions, axées sur 10 thèmes indiqués ci-dessus, forment un ensemble.
Chaque thème est revu au fur et à mesure que les réflexions progressent: ainsi contrairement au contenu d'un livre par exemple, ces réflexions sont évolutives.
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PLAN
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Définitions
Exemples
Sommaire
Explications
Ce plan en 4 chapitres est le même pour chaque thème.


DEFINITIONS
Monnaie: instrument instituant la valeur au sein d'un groupe qui l'accepte.
Abstraction: capacité de discerner et d'isoler les différentes parties d'un ensemble
Valeur: mesure de la satisfaction du besoin d'autrui.
Besoin: situation de manque ou prise de conscience d'un manque.
Désir: mouvement instinctif qui traduit chez l'homme la conscience d'un manque.
Plaisir: état affectif agréable que procure la satisfaction d'un besoin. (voir plaisir).

EXEMPLES
Ces exemples expliquent comment des valeurs sont conférées à des biens. Pour simplifier, on les appelle aussi fonction.
. Echange: Je peux définir un équivalent commun entre mon ordinateur et le costume de mon voisin. Cet équivalent peut être par exemple d'un commun accord des bouteilles de vin: si nous convenons que l'ordinateur vaut 15 bouteilles et un costume 10 bouteilles, je prends le costume et 5 bouteilles en échange de mon ordinateur. Cela se passe sans monnaie mais est difficile et devient vite très complexe dans la pratique (troc) car cela ne peut concerner qu'un petit groupe de personnes et de biens.
. Etalon: en Europe la valeur du costume et de l'ordinateur doit être donnée en euros, équivalent accepté par tous les membres d'une collectivité.
. Prêt: Je possède 10 000€ et suivant les périodes, ils me permettront d'acheter un nombre variable de micros, de costumes ou de bouteilles.
. Accumulation: je place 100€ qui me rapportent 4€ par an sans que je ne m'en occupe, j'ai beaucoup de Monnaie et j'en veux encore plus.
. Investissement: pour pouvoir construire des unités de production importantes, il me faut réunir beaucoup de monnaie.
. Dépenses publiques: Pour pouvoir payer tous les frais dont il a la charge, l'état utilise la Monnaie qu'il obtient essentiellement des particuliers et des entreprises. S'il n'en a pas assez, il en crée ou en emprunte, ce qui lui permet de répartir la Monnaie dont il dispose selon les critères qu'il choisit.


SOMMAIRE
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1. Des fonctions de plus en plus abstraites: 3 classiques et 3 autres .
2. La valeur de la Monnaie est désormais liée non à l'objet mais au désir.
3. La monnaie-mimétisme.
4. La monnaie-mythe.
5. La relation monnaie-travail est récente.
6. Relations monnaie-capital tangible et intangible
7. Trois logiques monétaires: survie, investissement, spéculation.
8. Évolution possible: dissociation des fonctions de la monnaie ?



EXPLICATIONS
1 - Des fonctions de plus en plus abstraites: 3 classiques et 3 autres.:
.Trois fonctions classiques: échange, étalon, réserve
Selon un schéma généralement admis, la Monnaie est reconnue comme ayant 3 fonctions : intermédiaire pour l’échange des biens et des services, étalon de la valeur, réserve de richesse. Ces trois fonctions sont probablement apparues successivement dans le temps. Elles correspondent à trois niveaux d’abstraction différents (voir la rubrique rationnel). Cela implique qu'elles soient acceptés au sein ou groupe qui utilise cette monnaie dont elle devient alors le témoin accepté des relations ce groupe et ses membres. Pour les états elle devient un fondement essentiel de la souveraineté.
Ainsi on est passé de l'échange matériel de biens (troc) à l'échange avec comme intermédiaire la monnaie physique (des pièces aux billets) puis à l'échange dématérialisé pour arriver plus récemment à la ligne informatique totalement abstraite. Ainsi l’équivalence entre le support de la monnaie et la valeur des biens qu’elle représente est de plus en plus abstraite.
La monnaie s’appuie alors sur une croyance irrationnelle partagée en sa valeur, c’est à dire qu’elle devient un mythe.
Parallèlement la valeur devenait elle aussi de plus en plus abstraite, passant de celle du produit matériel, à celle du service et enfin à celle du désir (voir plaisir).

- Échange: Monnaie-marchandise.
C'est le premier niveau d'abstraction (voir rubrique rationnel ). Dans l'échange, on trouve un élément commun aux produits et services : la valeur (caractère mesurable). La valeur est déterminée par le besoin ou le désir (voir plaisir) d'utiliser un produit ou un service. Elle pouvait être établie par rapport à tout produit (troc). Mais, pour des raisons de commodité d'échange, la valeur fut symbolisée par un produit qui avait lui-même une valeur en raison de sa rareté. C’est ce que les spécialistes appellent monnaie-marchandise. Ce produit symbolique était accepté par tous ceux qui l’utilisaient: c'est la définition même du mythe. Ces monnaies-marchandise avaient de nombreuses formes : la pelle en Chine (-1 100), les coquillages, les perles, le bétail, le lingot d’argent et bien d’autres plus tard. Leur valeur était liée à celle des produits échangés. Elle était prise en compte par les commerçants.

Avantage décisif, celui qui possède de la monnaie, trouve une liberté de choix totale dans les échanges qu'il veut faire.

- Étalon: Monnaie-état.
C'est le second niveau d'abstraction: il a a consisté à donner à l’instrument d’échange un caractère officiel dans la cité d'abord, en le marquant du sceau de la cité ou de son chef. Au début ce fut une rondelle de métal, première monnaie-étalon (Alyattes, roi de Lydie de - 610 à - 560 avant Jésus-Christ. Les cités puis les états eurent alors le monopole d'authentification (et non de fabrication) de la monnaie-étalon. La valeur de la rondelle qui devint pièce, était reconnue quelle que soit sa composition puisque l’état en était le garant et avait le monopole de son authentification. Ainsi on pouvait rogner les pièces qui gardaient leur valeur officielle et perdaient leur valeur réelle. La monnaie devenait ainsi une croyance collective (mythe) dans la valeur des pièces émises par l’état, différente de la valeur réelle pourtant mesurable par son poids et le métal dont elle était faite.
Avec l'apparition des monnaies papier et informatique, on franchit un nouveau stade dans l'abstraction.
La monnaie dans un état peut être considérée comme un contrat social entre le peuple et l'état. Elle devient ainsi le témoin et le ciment de la souveraineté de l'état.
Il existe des monnaies de référence internationales mais qui n'ont pas de rôle d'étalon. Il faut leur trouver une référence acceptée par chaque nation sans porter préjudice à leur souveraineté: actuellement le dollar US joue le plus souvent ce rôle.
La question de l'euro est très particulière car c'est une monnaie qui ne génère pas de souveraineté, chacun état européen gardant la sienne. La situation de l'euro est donc incertaine.

- Réserve: Monnaie-garantie. :
Le troisième niveau d’abstraction consista à isoler la valeur de la monnaie de ses fonctions d'échange et d'étalon. Cette valeur est variable dans le temps (inflation, déflation).
Pour les états, elle est un bien public dont les services sont conférés par la souveraineté de chaque nation.
Jusque récemment, pour garantir la valeur de ce bien public, les états conservaient des stocks de métaux (or ou d’argent le plus souvent), sensés donner une garantie à cette valeur. A présent cette garantie ne représente plus qu'une petite partie de la valeur monétaire, car les états émettent de la monnaie sans contrepartie et en empruntent à des institutions financières nationales ou internationales. La référence n'est plus le métal mais l'évaluation monétaire: par exemple pour les USA le dollar.

. Trois autres fonctions de la monnaie
Au delà ses trois fonctions classiques (échange, étalon, réserve), la monnaie en a trois autres: le prêt à intérêt, l'accumulation, et les dépenses publiques. Ces trois autres fonctions peuvent avoir pour conséquences d'augmenter la masse monétaire sans lien avec la production et l'économie "réelle".

- Prêt à intérêt: C'est un mythe dont la croyance est que la monnaie produit elle-même de la monnaie sous forme d'intérêt qu'il faut rembourser au prêteur (appelé autrefois usurier et aujourd'hui investisseur). Le prêt à intérêt qu'on peut appeler aussi l'autoreproduction de la monnaie engendre la dette, montant à rembourser: la dette peut exister pour les états, les entreprise et les particuliers. Elle peut prendre des proportions telles que les prêts ne peuvent plus être remboursés.
Les états tentent de rembourser leurs dettes en créant de la monnaie (par exemple sous forme d'obligations) sans contrepartie économique, en prélevant de la monnaie par l'impôt (principalement sur les particuliers et les entreprises), ou en économisant sur les financements publics (voir plus loin). Cela n'empêche pas la plupart des états d'accroitre leurs dettes. Pour les états la faillite est rare: c'est en particulier la raison de la création de banques centrales qui "prêtent en dernier ressort". Toutefois les difficultés financières des états peuvent avoir des répercussions considérables (par exemple: rémunérations des fonctionnaires, dépenses de santé, paiement de retraites, restriction des investissements).
Contrairement aux états, les entreprises et les particuliers qui ne peuvent plus payer leurs dettes font faillite: leurs biens sont vendus à leur débiteurs pour rembourser en partie leurs dettes.

Quand le prêt à intérêt n'a pas de contrepartie économique, il est nuisible. Le principe "la monnaie produit de la monnaie" a été combattu par Platon, Aristote, l’Eglise Catholique, l’Islam et d'autres. Cette croyance est pourtant de nos jours largement partagée. Elle aboutit à son paroxysme : la spéculation (voir ce thème). La spéculation engendre une création de monnaie supplémentaire qui n'a plus rien de commun avec la production et l'économie. La monnaie née de la spéculation fait elle-même l'objet de spéculation.

Quand le prêt à intérêt a une contrepartie économique, il peut être utile: il contribue alors aussi au financement et à l'investissement.
Le financement sert à dissocier l'échange dans le temps et dans l'espace. Je vends mon blé à Lyon aujourd'hui et avec la monnaie de cette vente j'achète du tissu demain à Paris.
Le financement permet aussi d'engager une dépense en vue de réaliser un projet. Cette dépense ne peut être payée par celui qui a l'idée de ce projet. Il s'adresse alors à un investisseur. Le financement est une forme de prêt dont les intérêts sont en fin de compte la valeur ajoutée par le projet une fois qu'il est réalisé. L'exemple le plus fréquent est celui de l'entrepreneur qui veut créer, agrandir ou reprendre une société. Le Financement peut concerner des particuliers, des entreprises ou des états (voir ci-dessous dépenses publiques).

Quand le prêt à intérêt sert à payer des dépenses improductives, il est dangereux. C'est le cas quand une entreprise ou un état finance ses dépenses de fonctionnement courant par l'emprunt.

- Accumulation de monnaie:
Prêt à intérêt porté à son paroxysme la volonté d'accumulation est un phénomène psychologique qui consiste à vouloir avoir toujours plus de monnaie, sans même toujours savoir à quoi elle pourra servir (processus du désir de monnaie et non plus de produit ou de service). Cela concerne aussi bien les particuliers que les entreprises. Contrairement à la monnaie de réserve, elle ne garantit rien, elle est destinée à satisfaire des désirs sans fin.
L'accumulation du capital imaginée par Marx et destinée à l'investissement engendrant de nouvelles richesses n'explique qu'une petite partie du phénomène. Pour Marx ce capital en s'accumulant, n'est plus possédé que par une petite partie de la population: le nombre de capitalistes et les profits diminuent. Or ce n'est pas du tout ce qui s'est passé: le nombre de capitalistes et leur richesse continuent à augmenter. Cela s'explique en particulier par le rôle de la part irrationnelle dans la détermination de la valeur (prix d'un acteur, d'une entreprise internet, etc.) et dans la place que tient l'innovation. On n'explique pas encore à quoi correspond ce besoin (voir plaisir) d'accumulation. Ce sujet est traité sous un autre angle dans la rubrique spéculation

- Dépenses publiques:
. Dépenses de fonctionnement: elles existent depuis que les états existent. Il utilisent de la monnaie pour payer les frais de l'état: dépenses somptuaires et agents publics (armée, justice, diplomates, autres fonctionnaires, puis depuis la fin du XIX° siècle des enseignants)

Deux types de dépenses publiques qui sont plus récentes:
. Dépenses d'équipement: pour un état, elles sont destinées, selon les affirmations de Keynes, à investir en vue de produire des biens et équipements collectifs. Ces dépenses peuvent aussi servir à créer ou à relancer des activités économiques. Ces financements publics sont générés par les Etats qui créent de la monnaie et s'endettent: ces dettes engendrent des intérêts qui eux-mêmes augmentant la dette. D'une façon générale que le pays soit à tendance libérale ou socio-démocrate les activités économiques crées par les états ne diminuent pas la dette dans des proportions importantes, sauf s'il s'agit de l'exploitation de richesse naturelles (moyen-Orient, Vénézuela, Russie etc...). Les dépenses d'équipement supposent des investissements qui peuvent être supérieurs aux possibilités des états.
. Dépenses de répartition: elles servent depuis environ 50 ans à fournir la monnaie nécessaire à la protection des plus faibles: malades, vieillards, jeunes (formation), familles. Elles sont théoriquement financées par les entreprises et les personnes physiques par l'impôt (Europe dont France), ou de fonds financiers d'état ou professionnels (ex: fonds de pension). Ces dépenses entrainent un état de dette permanente en raison entre autres de l'accroissement de la durée de vie, de l'exigence de soins de santé, et de la prise en charge de formation toujours plus longues. Ces financements qu'ils proviennent de fonds financiers d'état ou professionnels se transforment en dettes et accroissent la masse monétaire qui devient alors sans rapport direct avec la production.

2 La valeur de la monnaie n'est plus liée aux objets mais au désir(voir plaisir)
La monnaie devient une puissance en soi, admise par tous et recherchée par tous ceux l'acceptent. C'est la mise en commun des passions et des désirs qui, à travers les produits et services, établit la valeur de tout ce qui est mesurable ou rendu mesurable.
La monnaie est le miroir et le ciment des sociétés, collectivités ou états qui croient à la monnaie en tant que mythe.

La monnaie est un mythe (voir cette rubrique): c'est une croyance irrationnelle partagée par ceux qui l'utilisent. Elle procède du même mythe que le contrat social. S'il n'y plus croyance en la monnaie, elle disparait (exemple: le mark sous la république de Weimar).

La monnaie "désir" permet d’élargir le champs et le nombre de produits ou de services qui peuvent être échangés contre de la monnaie.
C'est le cas des entreprises: leur raison d’être est le plus souvent de générer et d'accumuler le plus de monnaie possible (profit).
La quête de produits satisfaits par la monnaie correspondant aux désirs, on peut dire qu'elle est indéfinie pour ceux qui ne mettent pas de limite à leurs désirs.
On peut alors prétendre (cf Dupuy) que la monnaie devient sacrée et ressemble à une religion, réduite alors à des désirs matériels et non plus spirituels ou moraux.

A côté des entreprises commerciales, d'autres formes d'organisation permettent la production de biens et de services ayant une valeur monétaire mais dans lesquelles la raison d'être n'est pas seulement le profit mais aussi le partage des richesses produites: les services des états (santé, retraites, justice, armée, éducation, allocations etc...). Les coopératives et les entreprises collaboratives ne privilégient pas non plus le profit.

Il y a des biens et services qui ne sont pas mesurés en monnaie.
- ceux qui ne font pas l’objet d’échanges : exemples les produits autoconsommés (nourriture, vêtements, outils, pensée) ou les soins apportés par les parents à leurs enfants.
- ceux qui sont produits par la nature en quantité suffisante sans avoir à être transformés par les humains: air, lumière du jour.
- ceux que leurs producteurs souhaitent distribuer sans les vendre: bénévolat.

3 La monnaie- mimétisme
Rappelons chez les humains le mimétisme est le besoin de se référer et de se situer par rapport aux autres.
Dans ses différentes fonctions, l'essentiel est que la monnaie soit reconnue par les autres: c'est donc bien une forme de mimétisme.
D'autre part la monnaie permet de choisir le moyen de se situer par rapport aux autres et de le faire de beaucoup de façons différentes: possession de biens, mode de vie, modes, quantité de monnaie possédée, etc.
Dans la monnaie le rôle du mimétisme n'est pas obligatoirement violent ou la volonté de s'approprier ce que l'autre possède. On ne se procure pas forcément de la monnaie en la retirant à d'autres.
Par exemple le don, la volonté de faire plaisir (cadeau) ou l'accumulation de monnaie sont des désirs non violents. D'autre part, selon les individus et leur perception de la vie, la volonté de possession de monnaie peut être limitée ou illimitée.
La spéculation monétaire ne peut exister sans processus mimétique d'appropriation.

4 La monnaie-mythe
La monnaie est un mythe dont la croyance est que chacun a confiance en son triple rôle d'échange, d'étalon et de réserve au sein d'un groupe.
Cette croyance peut exister à l'échelle de groupes plus ou moins important (des commerçants à l'état).
Exemple 1 - Lettres de change entre commerçants et banquiers. Document représentant une dette. « J'écris sur un papier que je te dois de l’argent et tu peux utiliser ce papier comme monnaie en le donnant à quelqu’un d’autre ou à ta banque ».
Exemple 2 – Obligation. Document indiquant une dette et un pourcentage en garantie d’une prestation future (cargaison d’un bateau par exemple). «Je t’avance de l’argent pour payer la cargaison de ton bateau et dès qu’elle arrivée tu me paieras ce que je t’ai prêté plus un pourcentage. Si la cargaison n’arrive pas, tu me rembourseras la somme prêtée plus le pourcentage. »
Exemple 3 - Prêt à intérêt: « je te prête de la monnaie et tu me donnes régulièrement un pourcentage, peu m’importe ce que tu fais de mon argent». C'est l'autoreproduction (voir plus loin)
Exemple 4 - Société par actions : « je t’achète une partie de ta cargaison et tu me donnes le pourcentage de bénéfice correspondant à ma part ».
Exemple 5 – Fonds : la banque centralise obligations, prêts à intérêt et actions et les regroupe en fonction des risques évalués pour les proposer à ses clients. Il y a alors dilution des responsabilités entre les différentes parties prenantes. La banque crée alors une monnaie assise sur des valeurs incertaines, ce qui peut engendrer des crises gigantesques (exemple supprimes en 2008).

Dans ces 5 exemples apparait la croyance collective (on peut dire aussi confiance) de souscripteurs (particuliers, investisseurs) en des émetteurs (banques, sociétés, commerçants). Les émetteurs proposent des produits financiers et les souscripteurs les acceptent (voir mythe). Mais en réalité cette croyance s’appuie aussi sur la confiance en l’état car ces produits sont libellés dans une monnaie et les sommes en cause viennent grossir la masse monétaire, c’est-à-dire la quantité de monnaie en circulation.

5 La relation monnaie-travail est récente
Jusqu’à une période récente, il y a environ trois siècles, la monnaie ne servait qu’à des transactions concernant un nombre restreint de personnes (les dominants et les commerçants importants). L’immense majorité des humains avait assez à faire pour assurer sa survie, c’est-à-dire se nourrir, se protéger et réserver une partie de sa production aux dominants (impôts en nature). On n'utilisait que très rarement la monnaie.
Quand par exception, on avait besoin d’échanger des biens de survie on le faisait le plus souvent par le troc.

Pour satisfaire ses désirs, la préoccupation essentielle des humains dans les pays dits développés est désormais de se procurer de la monnaie.
Pour la plupart des humains le principal moyen de se procurer de la monnaie est devenu le travail.

Mais il y a aussi des moyens pour les individus de se procurer de la monnaie sans travail.
- Le premier moyen est la possession de réserve de monnaie supérieure aux besoins (voir plaisir de survie. Cela permet soit de dépenser cette réserve directement, soit de la faire fructifier en spéculant.
- Le deuxième moyen est la redistribution : cette redistribution s'est faite longtemps sous forme d’aumône et de dons puis sous forme de règlementations sociales.
. Sous forme d’aumône, elle a été la forme de redistribution principale jusqu’à une période récente (vers 1930). Les dominants redistribuaient une partie de leur réserve de monnaie à ceux qui en possédaient peu et étaient appelés pauvres. Cette redistribution est prônée par plusieurs religions (Islam, Christianisme etc.)
. Sous forme de dons, la redistribution est très répandue en particulier dans les pays anglo-saxons. Il s’agit de donner à des organisations ou des fondations ayant des buts caritatifs, de recherche, de santé ou d’éducation.
. Sous forme de réglementations sociales, sous forme de redistribution qui se fait maintenant dans beaucoup de pays dits développés. Elle concerne la santé, les retraites, l'éducation, la justice, l'armée, etc...)
- Le troisième moyen de se procurer de la monnaie sans travail est de le faire en dehors des règles collectives et légales à travers les organisations mafieuses (vol, drogue, prostitution avec ensuite blanchiment). Ce moyen prend actuellement de plus en plus d’importance (on parle d'environ 20% de l'activité économique).

6 Relations monnaie-capital tangible et intangible
La monnaie mesure les différents types de capitaux, qui ont en principe pour objectif de générer des profits.
Le capital tangible ou productif correspond à une richesse réelle produite entre autres grâce au travail et qui génère des profits monétaires immédiats
Le capital intangible correspond à une richesse potentielle (capital humain, social, naturel, institutionnel) susceptible de générer des profits monétaires à terme.

7 Les 3 logiques monétaires: survie, investissement, spéculation, état
Nous appellerons ces 3 logiques, celles de la survie individuelle, de l'investissement, de la spéculation.
Il se trouve que pour des raisons historiques entre autres, la même unité de monnaie est utilisée pour mesurer l’équivalence entre beaucoup de biens et de services de survie ou de plaisir, matériels ou immatériels, rendus par des individus et des collectivités de tailles très variables, qui ne sont pas du même ordre de grandeur et ont des logiques différentes.
Ainsi la monnaie sert à la fois de référence pour l’achat d’un pain, d’une centrale nucléaire, pour les transactions quotidiennes à la Bourse ou pour le paiement des retraites
Un exemple le rapport de grandeur entre le pain, la centrale nucléaire ou la journée de Bourse, est de 1 à 5 ou 6 milliards.

Dans le cas du pain, il s’agit d’une logique de survie individuelle.
Dans le cas de la centrale nucléaire, il s’agit d’une logique d’investissement initié par une entreprise ou un état.
Dans le cas de la bourse, il s’agit d’une logique de spéculation donc d’une volonté d’accumuler de la monnaie. Cette logique comporte elle-même deux logiques différentes : une logique collective (banques, entreprises, états) et une logique individuelle (grosses fortunes et petits parieurs où là encore les rapports de grandeur peuvent être de 1 à plusieurs milliards).
Dans le cas des états il s'agit q'une logique de justice sociale.

On peut se demander si ce n’est pas la confusion de ces trois logiques (survie individuelle, investissement, spéculation, justice sociale) qui engendre les troubles monétaires que le monde connaît depuis environ un siècle alors que les périodes de stabilité dans les processus d’échange étaient plus importantes.

8 Evolution possible: dissociation des fonctions de la monnaie ?
Quelle est la nature de la croyance irrationnelle partagée (mythe) qui fait qu’en 2015 la monnaie reste un mythe créant de la cohésion sociale ? C'est la croyance de chaque individu que la possession de monnaie est nécessaire à la survie.
La monnaie est un mythe qui court le risque d’être rationalisé et donc de ne plus faire l’objet d’une croyance.
La multiplication des produits financiers de spéculation affaiblit les monnaies en réduisant leur aspect mythique.
Seul l'attrait du gain peut rester une croyance si le nombre de "croyants" est suffisant: les concepteurs de produits financiers peuvent ainsi maintenir ce mythe tant qu'on "croit " en leurs produits.

Si la monnaie sous ses formes actuelles ne fait plus l’objet d’une croyance et abandonne peu à peu son statut de mythe, elle devra être remplacée par d’autres mythes. La multiplicité des monnaies d’état donne une idée de la variété des mythes qu’engendre une monnaie. Dans aucun état le mythe n’est exactement le même que chez le voisin: le Chinois, l’Américain, le Nigérian ou le Brésilien ne voient pas la monnaie de la même façon.
Dans certaines périodes de pénurie, la monnaie est remplacée par des monnaies dites de nécessité (voir en France après la guerre de 1914-1918: émission par les chambres de commerce de monnaie en laiton, alu ou zinc frappée avec les mots bon pour x francs).
D’autre part toute une série de réflexions et d’expériences sont menées pour mettre en œuvre d’autres monnaies que celles reconnues par les états: monnaie locale, sociale ou solidaire, monnaie virtuelle type bitcoin etc.... Il existe ainsi en 2013 plus de 5 000 monnaies dites complémentaires.

La croyance dans la monnaie est très particulière, car la monnaie est le mythe qui a la plus grande apparence de rationalité: il s'exprime en chiffres, ce qui n'est le cas d'aucun autre mythe. D'autre part cette croyance semble être un des fondements de la souveraineté des états.

On peut se demander aussi si les six fonctions de la monnaie (échange, étalon, réserve, prêt à intérêts, accumulation, dépenses publiques) ne seront pas dissociées pour aboutir à d’autres formes d'établissement de la valeur.

On peut aussi s'interroger sur l'évolution des rapports entre les monnaies admises au niveau mondial et si le dollar restera dominant

La rationalité (voir rubrique rationnel ) de la monnaie se limite au seul fait qu’elle organise l’échange et que celui-ci est confirmé par les sens (Exemples : je vois la voiture que j’achète, je tape sur le clavier de mon ordinateur après avoir acheté une application). Il n’y a qu’une seule étape rationnelle dans la relation monétaire: celle de l’échange de monnaie contre l’objet ou le service. La monnaie arrête là son rôle rationnel et il n’y a pas d’étape ultérieure dans la rationalité.
Les fonctions étalon, réserve, autoreproduction, accumulation, financements publics sont des notions irrationnelles.

Moins l’intermédiaire monétaire est confirmé par les sens externes et moins la monnaie est rationnel le : ainsi le troc est plus rationnel que la pièce de monnaie qui est plus rationnelle que la lettre de change, elle-même plus rationnelle que la monnaie immatérielle etc. Dans tous ces cas sa position de mythe subsiste. Mais pour combien de temps ?

Il n'y aura probablement pas de réformes structurelles d'ensemble de la monnaie fondées sur des théories. Il est plus probable qu'il y aura des adaptations pragmatiques avec des secousses appelées crises.


Tout est lié.
(Revu le 7/5/16)

Qu'en est-il en 2159 ?