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Egalité

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DEFINITIONS
Egalité: Article I de la déclaration des droits de l'homme
Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits.
Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune.


EXEMPLES
Egalité devant le vote
Egalité devant la dignité
Egalité devant la justice
Egalité des chances
Egalité des revenus
Egalité des libertés


SOMMAIRE
1. L'égalité est un mythe (croyance irrationnelle partagée)
2. Origines: conceptions et théories globales (religieuses puis philosophiques).
3. Dilution des conceptions et théories globales dans les sciences sociales
4. L'égalité au sein de l'état: le mythe de la démocratie est d'application récente.
5. Limites du mythe de l'égalité: égalité de quoi ?
6. Seule mise en pratique de l'égalité: le bulletin de vote.
7. Situation actuelle des politiques de l'égalité.
8. La croyance en l'égalité génère elle-même des mythes
9. Les critères d'égalité civique continuent à être choisis par les dominants
10. Egalité et utilité



EXPLICATIONS
1 - L'égalité est un mythe
La croyance irrationnelle partagée de ce mythe est que tous les humains sont libres et égaux en droits.
Cette croyance est irrationnelle car elle ne peut se vérifier dans la réalité perceptible par les sens, sauf par le bulletin de vote qu'on peut voir et toucher. Un autre aspect du mythe est que l'égalité et les droits qui la fonde n'ont pas le même sens selon les individus, les cultures, les civilisations et les états.

2 - Origines: conceptions et théories globales (religieuses puis philosophiques).
Les théories globales concernant l'égalité ont d'abord été contenus dans des conceptions du monde, émises par des religions ou des spiritualismes (Bouddha et la réincarnation avec un cycle égalitaire, le Christ et l'amour entre les hommes quels qu'ils soient, Mahomet et le Dieu unique omnipotent devant qui tous sont égaux), puis par des théories philosophiques (stoïcisme, la sagesse pour tous) ou intellectuelles (Smith et le libre-ėchange, Rousseau et le contrat social, Marx et le communisme, etc.).

3 - Dilution des conceptions globales dans les sciences sociales
Ces théories globales se sont diluées dans des sciences sociales descriptives multidisciplinaires. Ces sciences sont professées par des spécialistes appelés en général sociologues, économistes, psychologues etc. Ils prennent prétexte de l'apparente complexité des faits sociaux pour éluder l'absence de théorie globale. Ils parlent de modèles, d'études de cas, de projections etc.

L'apparente complexité des faits sociaux est renforcée par les médias ou les sites sociaux qui montrent des événements ponctuels ou des cas particuliers souvent commentés par des spécialistes pour qui les bons sentiments stéréotypés (pensée unique), ou des mythes éthiques mal précisés tiennent lieu de théories floues et sous-entendues. Exemples: les reportages sur les jeunes des cités, les criminels ou les handicapés, les petites phrases des politiques, l'écologie, la télé-réalité etc.


4 - L'égalité au sein de l'état: le mythe de la démocratie est d'application récente
- Stade tribal: selon Clastres, dans les tribus l'égalité entre tous suppose un chef charismatique sans aucun pouvoir. L'apparition d'un pouvoir engendre donc l'inégalité fondatrice de l'organisation de la société.

- Stade étatique: historiquement, les égalités sont sélectives. Les sociétés antiques et aristocratiques avaient des égalités sélectives: les grecs excluaient les esclaves, les aristocraties établissaient des hiérarchies (comme en France nobles, clergé et tiers état), finalement assez semblables au système actuel des castes de l'Asie.
La croyance (mythe) en l'égalité démocratique s'est généralisée d'abord au XVIII° siècle en Europe et aux Etats-Unis à partir de théories dites des lumières émises au XVIII° siècle.
Comme beaucoup de croyances concernant la société, Il est possible que cette croyance en l'égalité se soit développée car elle était annoncée comme devant se réaliser dans un avenir proche: on l'a cru au début de la Révolution Française ou lors de l'Indépendance américaine. Cet objectif qui s'éloigne de plus en plus jusqu'à nos jours peut expliquer le désamour pour la démocratie au début du XXI° siècle car il n'y a plus de perspective proche dans le temps.

- Stade théorie des lumières.. La théorie de l'égalité émise au XVIII° siècle (par ce qu'il est convenu d'appeler les lumières) est fondée sur la délégation et la séparation des pouvoirs (Hobbes, Locke, Rousseau, Montesquieu). Dans la pratique, sa mise en oeuvre s'est avérée différente selon les régions et les états. Cela engendre des organisations qui prétendent le plus souvent refléter l'opinion publique. Il s'agit en général d'un gouvernement (exécutif), d'un parlement et de partis politiques (législatif) ainsi que de tribunaux (judiciaire). Seul le législatif est choisi par un vote. Il faut également noter que presque partout le vote écarte du pouvoir après l'élection près de la moitié des votants (droite contre gauche, démocrates contre républicains, conservateurs contre progressistes etc.) et ne tient donc pas compte de la diversité des opinions, ce qui crée des inégalités.
Les medias, internet et les sites sociaux contribuent à entretenir le mythe de l'égalité démocratique. Ils peuvent accélérer ou ralentir des changements dans l'organisation des pouvoirs, en particulier ceux qui paraissent les moins respectueux du mythe de l'égalité. Ce fut le cas des pays dits du "printemps arabe".

5 - Limites du mythe de l'égalité: égalité de quoi ?
- Différences individuelles et culturelles.
Le mythe de l'égalité élude l'existence des différentes formes d'intelligence et d'aptitudes physiques et intellectuelles. Cette question est relancée par l'avancée des NBIC (Nanotechnologies, Biotechnologies, Informatique, Cognition).
Elle élude aussi les différences nées de l'acquis et en particulier de l' éducation , du climat, des habitudes alimentaires et des modes de vie.
Par ailleurs la définition de la zone géographique dans laquelle on vote peut créer de graves problèmes: si plusieurs cultures y sont présentes, le vote démocratique peut amener la servitude de populations minoritaires par d'autres: kurdes, arméniens, ethnies d'états africains, islam.

- Dérives de l'égalité: égoïsme, égalité des chances, personnalisation, freins
.Egoïsme. Le mythe de l’égalité implique que "les hommes montrent une compassion générale pour tous les membres de l'espèce humaine" (Tocqueville). Cette compassion générale devient une bonne conscience qui engendre l'égoïsme individuel et l'indifférence à autrui, sauf s'il est un proche. Cela détruit le mythe car égoïsme et indifférence peuvent se manifester dans la réalité quotidienne par des comportements qui sont bien rationnels, détruisant ainsi le mythe de l'égalité. Ainsi selon Tocqueville la croyance en l'égalité développe l'égoīsme individualiste car elle supprime l'appartenance à des groupes: pour garder sa cohésion une collectivité doit avoir avoir des croyances autres que l'égalité et qui tempėrent cet égoïsme (Tocqueville pensait que la croyance en une religion en faisait partie). C'est ce que nous retrouvons dans le mythe. On ignore et on n'a pas étudié jusqu'à ce jour ce qui génère des croyances. On constate qu'il s'agit d'idées, de personnalités, de peurs etc..

.Egalité des chances. L'égalité est de plus en plus souvent confondue avec l'égalité des chances. Un peu comme si le fait de donner l'égalité des chances se confondait avec l'égalité. Malgré les lois et les aides de principe, cette égalité des chances a tendance à supprimer du champ de l’égalité les handicapés, et tous ceux qui par choix ou par nécessité vivent en marge.

.Personnalisation. La croyance en l’égalité est de nos jours renforcée par la personnalisation et l'individualisme, surtout lorsqu'il s'agit de proches (famille, amis) ou de cas particuliers (reportages TV dans les catastrophes): voir mimétisme. Dans les faits, l'intensité de cette croyance en l'égalité disparait quand il s’agit d'inconnus, même proches géographiquement (exemples: favelas, zones d’exclusion proches des quartiers riches etc).

- Les freins à l'égalité dans l'état: corruption, partis, lobbying, médias.
Le mythe de l'égalité démocratique est mis à mal par la corruption, les querelles de personnes pour l'accès au pouvoir au sein des partis, le lobbying des groupes de pression, la présentation et le choix des événements dans les médias. Ces quatre freins existent à peu près partout.

6 - Seule mise en pratique de l'égalité: le bulletin de vote
Il parait pour le moins exagéré de dire que, depuis la publication des deux déclarations des droits de l'homme (1789 et 1948), il y a une évolution rapide vers la mise en pratique de l'égalité des droits cités dans ces textes: par exemple, le repos, les loisirs, le niveau de vie, le travail, la propriété.
Comme le dit Sen, il faut d'abord se poser la question "égalité de quoi" ? Car les égalités (revenus, chances, fortune, libertés etc.) sont interdépendants.

Le seul droit sur lequel il semble qu'il y ait une mise en pratique est celui de mettre un bulletin dans une urne ou d'appuyer sur le bouton d'une machine à voter.
La force du mythe du vote est peut-être liée au fait qu'il a une apparence de rationnel correspondant au sens de la vue: on lit le bulletin et on le voit tomber dans l'urne.
Mais le vote se fait en général beaucoup plus pour des personnes ou des partis que pour des choses ou des projets concrets. Ainsi le vote est contradictoire dans sa forme même car il est générateur d'inégalité puisqu'il crée des dominants que sont les élus qui décident à la place des électeurs.
Le vote autre que pour désigner des des dominants, c'est-à-dire pour donner son avis sur des choses ou des projets (référendum, votation etc.) est rare. Il pose toutefois 3 problèmes importants: il faut définir qui va voter, c'est-à-dire qui est concerné, il peut servir à masquer un plébiscite (renouvellement de la confiance à un dominant avant l'échéance). il faut que les questions posées soient compatibles avec la capacité et les compétences des votants.
Le vote sans désignation de dominants convient sans doute mieux à de petites entités: comités, conseils d'administration, assemblées générales, petits états (Suisse) ou régions géographiques restreintes (commune).

7 - Situation actuelle des politiques de l'égalité.
Il y a dans la plupart des états, peuples et collectivités une subdivision entre ce que l'on appelle la droite et la gauche, à un tel point qu'on peut se demander si cela ne correspond pas à des structures socio-psychologiques de chacun. Cette subdivision se répartit environ par moitié. Cela se traduit par une conception différente de l'égalité.

Pour la droite l'égalité est une notion individuelle: chacun doit avoir les mêmes chances de trouver sa place au sein de la société en fonction de ses capacités, de ses compétences et de ses efforts. Il est dans l'ordre des choses que cela génère des différences.
Pour la gauche l'égalité est une notion collective: la collectivité doit trouver les moyens de donner à chacun une place, quelles que soit ses capacités, ses compétences et ses efforts. Il est dans l'ordre des choses que cela génère des conformités.

Les programmes politiques tentent de suggėrer des vues d'ensemble schėmatiques qui se réfèrent à de vagues idéologies dans lesquelles l'égalité est un ensemble flou. Ces programmes sont élaborés en tenant compte du présent immédiat et sont largement axés sur la personnalité des candidats. Les fondements théoriques s'éloignent au fur et à mesure que se rapproche l'échéance électorale et font place à ces programmes.
Contre-exemple: je vote pour un député qui, une fois élu, détiendra un pouvoir supérieur au mien, creusant ainsi l'inégalité.

8 - La croyance en l'égalité génère elle-même des mythes
Il y a de nombreux mythes éthiques liés à l'égalité. Certains sont récents et sont nés avec les médias.
- L'égalité devant la richesse.
Le mythe éthique de la pauvreté a pour croyance l'espoir que la résorption de la pauvreté par une meilleure distribution des richesses amènera l'égalité. Pourtant cela n'a jamais été le cas et on constate même que depuis quelques décades la pauvreté diminue très lentement globalement et entre les états, mais qu'elle augmente considérablement à l'intérieur des états.

- L'égalité citoyenne.
Le mythe éthique de l'égalité citoyenne a pour croyance qu'aucun citoyen ne peut être mis de côté, quelle que soit sa situation matérielle, mentale ou physique. Selon cette croyance, l'égalité citoyenne dépend de l'instauration du bien-être social qui est une obligation pour toute société et dont on ne peut exclure personne. Là encore il semble que, malgré les lois et les tentatives multiples, les faits constatés éloignent de cet objectif (corruption, mafias, privilèges, éducation , handicapés, SDF etc.)

- L'égalité devant la dignité
Le mythe du droit au respect et à la dignité, au delà des classes sociales, des diversités physiques, régionales ou intellectuelles tient une grande place. Cet objectif de dignité parait être un notion unanimement acceptée. Toutefois, il apparait que certains extrémismes (musulman par exemple) font de l'avilissement une arme de combat systématique.

- Egalité civique.
C’est le mythe dont la croyance est que chacun a les mêmes droits. L'égalité des droits figure dans la définition (voir ci-dessus). Les droits les plus cités sont le droit au travail, à l' éducation , à la santé, à la culture et à la justice. L'égalité civique est vécue comme une sorte d'objectif idéal et mythique.

On peut mettre dans cette égalité civique la notion d'égalité des chances C'est le mythe dont la croyance est que l’éducation pour tous donne les mêmes chances à tous. Pourtant certains prétendent que l' éducation accroît les inégalités d'une part en raison de l'acquis du milieu social et d'autre part en raison des différences d'aptitudes individuelles innées.

Dans certaines collectivités (castes) les droits restent inégaux selon les catégories de population. On en trouve une prolongation dans les privilèges couramment admis dans les démocraties.

Egalité des devoirs
C'est une notion à laquelle les responsables politiques parlent peu, car elle n'est pas de nature à les faire élire. Pourtant c'est la seule égalité contrainte: devoir de payer les impôts, de respecter les lois. Dans d'autres domaines comme le travail (Japon) ou la participation associative, l'égalité des devoirs n'est pas vécue comme une contrainte mais comme une obligation morale.

- Egalité sociale.
C’est le mythe éthique dont la croyance est qu'il faut réduire les écarts entre les membres de la collectivité. Selon les pays les actions pour aller dans ce sens sont plus ou moins volontaristes. Cela se traduit en particulier par les redistribution de revenus entre les citoyens. Cette croyance née au XIX° siècle avec les théories socialistes. Elle est répandue de façon très variable selon les régimes politiques : certains redistribuent une partie assez importante des revenus (pays scandinaves, France), d'autres comme les USA refusent majoritairement cette idée. Ce mythe est contredit par les faits car, comme nous l'avons vu plus haut, depuis les années 1960 environ, même si le nombre de très pauvres a tendance à diminuer, paradoxalement l'écart entre les riches et les pauvres s'accroit considérablement à l'intérieur des états.
Exemple: mon salaire est 2 000 fois supérieur à celui de mon voisin.

Ainsi on constate que dans de nombreux cas, ce n'est pas en réalité l'égalité qui progresse mais l'inégalité, la seule égalité apparente étant, rappelons-le, celle du vote.

9 - Les critères d'égalité civique continuent à être choisis par les dominants
Le mythe de l’égalité ne prend en compte que quelques caractéristiques humaines et ne favorise que les types d'intelligences avec lesquelles les élites dominent. La théorie des intelligences multiples a défini d'autres types d'intelligences. Lire à ce propos la rubrique éducation
Les élites fondent l'égalité sur des formes d'intelligence comme l'abstraction, la logique, les connaissance intellectuelles.
Il n’y a pas d’égalités qui concernent des critères comme la franchise, l’aptitude au travail manuel, l'intelligence inter-personnelle, la convivialité, le sens pratique, l'utilité sociale, le sens artistique.

10 - Egalité et utilité
- Il y a un décalage de plus en plus important entre l’égalité et l’utilité commune telle que la définit l’Article 1 de la Déclaration des droits de l’Homme.
Le mythe de l'égalité développe des hiérarchies figées dans lesquelles la fonction est plus importante que la personnalité.


Tout est lié
(Revu le 27 12 15)
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