Mythe Mimétisme Monnaie Spéculation Travail Chômage Egalité Rationnel Education Plaisir Neuroanalyse
Qu'en est-il en 2159 ?

Mimétisme

Ces réflexions, axées sur 10 thèmes indiqués ci-dessus, forment un ensemble.
Chaque thème est revu au fur et à mesure que les réflexions progressent: ainsi contrairement au contenu d'un livre par exemple, ces réflexions sont évolutives.
Pour se reporter à un thème, cliquer sur son nom ci-dessus à droite du mot "Réflexions" ou dans le texte ci-dessous où il figure en rouge..

PLAN
Pour aller directement à un chapitre du plan, cliquer sur un des mots suivants:
Définitions.
Exemples
Sommaire.
Explications
Ce plan en 4 chapitres est le même pour chaque thème.


DÉFINITIONS
Mimétisme:
- en général
: processus universel d'imitation.
- chez les êtres vivants: imiter certains aspects d'un autre être vivant.
- chez les humains: se situer par rapport aux autres et en imiter certains aspects.
Besoin: Situation de manque ou prise de conscience d'un manque (voir plaisir).
Conscience: Fonction de l’esprit permettant d’avoir connaissance de ses états.
Connaissance: Fonction de l'esprit permettant de percevoir dans la durée.
Groupe ou collectivité: ensemble d'humains.
Ensemble: : Réunion de différentes parties matérielles ou immatérielles
Sentiment: État de conscience irrationnel et individuel


EXEMPLES DE MIMETISMES
En général
Les atomes se ressemblent.
Les ondes ont les mêmes longueurs.

Chez les êtres vivants
Un cheval ressemble à autre cheval.
La sauterelle prend la couleur de la feuille sur laquelle elle se trouve.
L'orchidée prend les couleurs de l'insecte qui lui apporte du pollen.

Chez les humains
Je voudrais imiter Jésus car j'ai foi en lui.
Je voudrais être aussi riche que Bill Gates.
Je cherche à imiter cet acteur pour tout ce que je sais de lui.
Tout me déplait dans ce héros de film que je trouve laid et méchant.
Ce que mon voisin sait faire est complémentaire de ce que je sais faire.
Je voudrais être beau comme les mannequins en général.


SOMMAIRE
Pour aller aux explications de chaque point cliquer dans le résumé sur 1,2,3 etc...
1. Le mimétisme est un processus universel.
2. Êtres vivants: mimétisme entre espèces et dans chaque espèce.
3. Humains: mimétisme dans les relations individuelles et collectives
4. Mimétisme et mythe.
5. On peut distinguer 6 types de mimétismes.
6. Origines possibles
7. Évolution: le mimétisme a des schémas de plus en plus stéréotypés.



EXPLICATIONS
1 Le mimétisme est un processus universel
Il est tentant de généraliser le processus d'imitation qu'est le mimétisme. Il se pourrait qu'il soit propre à toute structure qui doit communiquer avec son environnement pour avoir une certaine stabilité dans le temps et dans l'espace (du quark à la galaxie). Le mimétisme serait ainsi un processus universel d'imitation (ondes, atomes, hérédité) dont on ne connaît pas (encore ?) les causes.


2 Êtres vivants: mimétisme entre espèces et dans chaque espèce.
Chez les êtres vivants le mimétisme est un phénomène largement répandu. Il consiste à tenter de reproduire certaines caractéristiques des autres êtres (couleurs, formes, cris, comportement etc.).

- Mimétisme entre êtres d'espèces différentes
Le mimétisme peut être un moyen de se défendre, d’attaquer ou de se reproduire. Les zoologues distinguent trois acteurs dans le processus du mimétisme entre espèces différentes: le modèle, le mime et la dupe. Prenons un exemple: celui de la sauterelle qui imite la couleur de la feuille sur laquelle elle est posée pour se cacher du caméléon qui veut la dévorer. Le modèle c'est celui qu’on imite pour se cacher (ici la feuille); le mime, c'est celui qui imite (ici la sauterelle) et la dupe c'est celui dont le mime veut se protéger (ici le caméléon mangeur de sauterelle).
Il y a là un mystère non encore élucidé: grâce à quel type de perception de son environnement, un être arrive à ce mimétisme ? Dans l'exemple : par quel processus une sauterelle imite t'elle la couleur de la feuille ? La sauterelle a suivi un processus qui l’a amenée à tromper un prédateur. Ce n’est évidemment pas un processus psychique. La question reste ouverte. Appeler cela la logique biologique est commode pour l’esprit mais n’explique rien.
Le mimétisme entres espèces existe aussi dans le domaine végétal (Exemple : orchidée qui imite des odeurs et des couleurs agréables aux insectes qui apportent du pollen).
Autre exemple de mimétisme entre espèces: entre les humains et certaines espèces, en particulier celles qui sont domestiquées: chien, cheval, chat etc.

- Mimétisme entre membres d’une même espèce,
Le mimétisme se traduit chez les mammifères en particulier, par l’apprentissage et l'éducation. Il y a un processus mimétique (d'origine génétique ?) entre celui qui apprend et celui qui transmet ses connaissances, processus qui est compris par l’un et par l’autre. Exemples: le lion qui apprend à chasser au lionceau, l'oiseau qui apprend à voler à l'oisillon.
Le mimétisme se traduit aussi dans la lutte pour le pouvoir : par exemple dans les combats pour avoir la prééminence, non seulement pour les mâles (lions, cerfs) mais aussi pour les femelles (combats de vaches). Chacun cherche à reproduire les caractéristiques du dominant selon un cérémonial apparemment inné.

3 Humains: mimétisme dans les relations individuelles et collectives
Le mimétisme existe dans toutes les relations humaines. Il a une dimension spécifique qui consiste à se situer par rapport aux autres et à en imiter certains aspects. Les relations mimétiques entre les humains existent bien au delà des valeurs morales (bien, mal, méchant, gentil) qui n'en sont qu'un cas particulier.
Chacun se situe par rapport aux autres en fonction de la vision du monde qu’il a lui-même et des autres. Chacun étant différent, il a des références mimétiques qui lui sont personnelles. Le processus mimétique se fait donc en fonction de l'image qu'on a de celui ou de ceux dont on cherche à reproduire des caractéristiques.

Certains théoriciens comme Nietzsche, Le Bon, Tarde ou Durkheim l'ont pressenti en parlant d'imitation plus que mimétisme, terme venu plus tard (Girard).
Partant de l'imitation individuelle, ils ont élargi leur étude de l'imitation à des phénomènes collectifs et en particulier la psychologie des foules dont ils décrivent plus souvent les aspects irrationnels plutôt que rationnels. (voir mythe). Dans ces théories, le mimétisme humain est surtout décrit factuellement (sociologie) sans qu'on en recherche systématiquement la nature psychique (neurosciences).
Toutefois des approches partielles du mimétisme existent dans les neurosciences et la médecine.
- les neurosciences ont isolé les neurones-miroirs, source sans doute essentielle du mimétisme, car ils s'activent en présence de l'autre.
- les médecins connaissent aussi le mimétisme dans son stade paroxystique, état connu cliniquement sous le nom de psychose naissante et dans lequel le patient s'identifie à l’ensemble des humains, et ne fait plus de distinction entre lui et les autres. La psychose naissante n'est apparemment pas encore étudiée par les neurosciences.
- les pratiques religieuses peuvent s'apparenter à une forme de mimétisme (ressembler à Jésus-Christ à un saint ou à Bouddha).
Certains travaux sur les états mystiques et religieux ont repéré l'activation conjointe de certaines zones du cerveau (amygdale, hippocampe, système limbique ...) quand on étudie la fusion avec une divinité (extase, contemplation) ou quand on participe à des cérémonies (transe).

4 Mimétisme et mythe
On n'est pas le même individu psychique quand on est seul, en présence d'une personne, d'un groupe ou d'une collectivité.
Le mimétisme quand il s'exprime collectivement devient un mythe (voir ce thème). Si je suis le seul à trouver que X est bon chanteur, c'est du mimétisme (je situe sa sensibilité par rapport à la mienne). Si un million de personnes ont cette opinion, cela devient un mythe (croyance irrationnelle partagée).

Rappelons que le mythe est une croyance irrationnelle partagée au sein d’une collectivité. Dans le mimétisme imaginaire, cette croyance implique une perception commune de personnages (Dieu, les saints, le diable). Pour qu’il y ait croyance en ces personnages, il faut pouvoir se situer par rapport à eux, donc il faut qu’il y ait mimétisme. Chacun a son propre système de référence, mais la croyance en un personnage est une sorte de dénominateur commun des mimétismes. Ainsi en matière religieuse, chacun a une foi qui lui est propre, mais il partage une croyance collective.
Certains peuvent se référer à un héros bienfaisant, d’autres à un héros malfaisant.

5 On peut distinguer 6 types de mimétismes:
1 - relationnel,
2 - imaginaire,
3 - d'attirance et de répulsion,
4 - d'appropriation,
5 - du modèle,
6 - de complémentarité



Les nombreux types de mimétisme ne s'excluent et peuvent même coexister: relationnel, imaginaire, d'attirance/de répulsion, du modèle, d'appropriation, de complémentarité, et enfin l'amour. On peut bien sûr en trouver d'autres mais cette typologie est une première étape.

. 1 - Le mimétisme relationnel.
Il se réfère à des personnes que l’on rencontre physiquement: parents, voisins, passants, amis. Il se manifeste chez l'individu ou au niveau collectif.

- Mimétisme relationnel chez l'individu.
Par exemple, le fait même de regarder un inconnu dans la rue conduit à se situer par rapport à lui : cela se manifeste par le regard et l’attitude. S'il y a prise de contact chacun se fait une idée de l’autre avec ses références propres (salut, poignée de mains, formule de politesses). A partir de cette prise de contact, l'idée que chacun se fait de l'autre évolue et se transforme au fur et à mesure que chacun jauge l’autre.
Cette réciprocité et cette transformation paraissent spécifiques aux relations entre humains. Elles sont en grande partie acquises grâce à l'environnement familial, social et culturel. Elles dépendent aussi du caractère spécifique de chaque individu.
Chez les humains, au fur et à mesure qu’ils prennent conscience des autres, de l’enfance à l’âge adulte, ces mimétismes évoluent : c’est ce qu’on pourrait appeler les mimétismes acquis, contrairement à ceux des animaux qui paraissent plus innés (éducation, combats pour la domination).
Chez les humains, le mimétisme évolue aussi lors du difficile passage de l’adolescence, cette transition décisive dans la façon dont on perçoit les autres. Les risques de dérapage pendant cette période sont plus importants: c'est souvent à l'adolescence qu'apparaissent des schizophrénies ou certaines psychoses.
Chez l’adulte, les relations successives font évoluer les processus mimétiques de chacun. C’est le cas des amitiés ou des inimitiés entre adultes qui peuvent se créer et se modifier même jusqu’à un âge avancé.
Il arrive que chez certaines personnes le mimétisme relationnel soit en grande partie absent ou atrophié (enfants loups, autistes, certains schizophrènes) ce qui montre bien que le mimétisme est un mécanisme psychique acquis en grande partie par l'apprentissage des relations avec les autres.

- Mimétisme relationnel collectif
Il est présent par exemple dans la famille, la formation de bandes ou de clans, les groupes d'amis ou de voisins, les petites associations, dans lesquels la présence physique de chacun est par définition nécessaire. Dans de tels groupes, chacun se situe par rapport à l'autre, mais aussi par rapport au groupe et aux valeurs qu'il représente.

2 - Le mimétisme imaginaire.
Il se réfère à des personnages que l’on ne rencontre pas physiquement (les dieux, les héros, les vedettes, les people, les personnages de fiction, les politiques, les gourous). On est bien dans le mimétisme puisque chacun cherche à se situer par rapport à un de ces personnages.

- Le Mimétisme imaginaire individuel.
Il est de plus en plus fréquent en particulier depuis le développement des médias sociaux. On se se situe par rapport à quelqu'un qu'on connait mais qu'on ne rencontre pas physiquement: par exemple on peut l'avoir vu à la télévision, lu dans un roman, ou être entré en relation avec lui sur internet par un site social.

- Le Mimétisme imaginaire collectif .
Il est lié à un même personnage qui devient un mythe. Il nait dès qu'un nombre plus ou moins important de personnes se situent par rapport à un même personnage (un dieu, une vedette, un acteur, un sportif, un homme politique par exemple).

3 - Le mimétismes d’attirance et de répulsion
Les mimétismes d'attirance et de répulsion peuvent coexister: ainsi on peut souhaiter ressembler à quelqu'un globalement ou sur certains points seulement ou en être différent sur d'autres. Exemple: je voudrais ressembler à X en ce qui concerne son physique, mais pas en ce qui concerne son caractère.

-Le mimétisme d'attirance.
Il peut être relationnel / imaginaire. Exemples: je voudrais jouer du tennis comme mon frère/ comme Nadal), artistique (je voudrais jouer du piano comme ma cousine / comme Chopin), intellectuel (je voudrais savoir exprimer des idées comme mon ami / comme Rousseau), sentimental (je voudrais séduire ma voisine / Madona), matériel (je voudrais être aussi riche que mon collègue / que Bill Gates).

- mimétisme de répulsion.
Il amène un humain à vouloir ne pas ressembler à un autre, par exemple à quelqu’un qu’il considère comme laid, méchant, ignorant, con, haineux, méprisant, criminel, pervers, intolérant, miséreux. (On peut reprendre les mêmes types d'exemples relationnel/imaginaire que ci-dessus). On se situe par rapport à l'autre mais on cherche à imiter des aspects inverses de lui.

- coexistence des mimétisme de répulsion et d'attirance.
Elle ne correspond pas forcément au caractère apparent de chacun, mais il est possible qu’elle serve d’exutoire à des états inconscients ou refoulés. On peut ne pas souhaiter être criminel et aimer des séries montrant des meurtriers, être doux et aimer les films d’horreur, manger à sa faim et ne pas vouloir être miséreux, aimer et haïr quelqu’un etc. Ce phénomène est largement utilisée dans les médias, les films et les séries TV de nos jours.

4 - Le mimétisme du modèle.
On l’appelle parfois homéostasie. Il consiste à se situer par rapport à une moyenne ou à un modèle (exemples: concours de beauté, mode, opinion politique, spéculation) et non par rapport à un individu.

5 - Le mimétisme d'appropriation.
Il est un cas particulier du mimétisme Il est connu souvent sous l'expression «désir mimétique» qui concerne le mimétisme destiné à s’approprier ce qu’a autrui. Il est la prolongation d’un courant de pensée représenté entre autres par Rousseau, Freud ou Marx. Selon ce courant de pensée, les humains, fondamentalement, s’opposent et se concurrencent entre eux.
- Rousseau parce qu’il est le porte-parole de certaines réflexions nées en Angleterre (voir plus loin), qui se sont développées en France puis ont été un des moteurs de la révolution française : l’organisation de la société est un mal nécessaire pour éviter que les hommes ne se massacrent entre eux. Toute société pervertit les humains et porte en elle un germe de violence. Il faut donc qu’elle soit régie par un contrat social.
- Freud parce qu’il a étendu cette pensée à l’individu: l’humain lui-même nait avec des instincts pervers, ce qui amène chaque humain à s’opposer à l’autre. Et seul un refoulement dans l’inconscient lui permet de ne pas libérer ces instincts.
- Marx par son concept de lutte des classes étend au groupe (exploitants-exploités) l'opposition destructrice entre humains.
- Le "désir mimétique" tel que l'énonce René Girard se situe dans la tradition de ces théories. Les dieux et les tabous auraient pour but, à travers le bouc émissaire et le sacrifice, de tempérer la violence inhérente à toute société. Chacun s’oppose à chacun dans un désir mimétique de s’approprier ce que possède l’autre selon ses instincts.
Ces visions correspondent à l'affirmation émise par les religions monothéistes, puis par des philosophes du XVIII° siècle tels que Hobbes, Grotius, Locke, Hutcheson, Hume. Toutes partent des notions de bien et de mal. Les uns prétendent que les humains sont naturellement bons ce qui les amène à faire le bien, d'autres qu'ils sont naturellement mauvais ce qui les amène à faire le mal. Il y a également ceux qui affirment qu'en chacun de nous coexiste le bien et le mal. Tous ont considéré que le bien et le mal font partie de la nature humaine.
Or il semble que le bien et le mal sont des croyances (voir mythe) initiées par les dominants en particulier dans les religions monothéistes (Mazdéisme, Judaïsme, Christianisme, Islam etc.) pour maintenir la cohésion sociale. Le mimétisme (besoin de se situer par rapport aux autres) relationnel et imaginaire a dans la perception du bien et du mal un rôle particulièrement important. Exemple: je fais autant de bien que mon voisin/ je veux faire autant de bien que Jésus-Christ. Comme dans toute croyance et dans tout mythe, il y a une perception individuelle du bien et du mal qui dérive de la perception du bien et du mal de la collectivité dans laquelle on vit et qui varie selon les traditions. Exemple: tuer un animal quand on est hindouiste est mal, tuer un infidèle quand on est musulman intégriste est bien.
Ramener le mimétisme à un rapport de violence (voir Girard) est réducteur: on peut se situer par rapport à l'autre en fonction de l'amitié, de l'admiration, des qualités qu'on lui trouve sans que cela soit générateur de violence.
Remarquons que les modes de pensée issues du Bouddhisme et de l'hindouisme ignorent les notions de bien et de mal, d'égalité entre les hommes les et de religion exclusive.

6 - Mimétisme de complémentarité
Le désir de se positionner par rapport aux autres peut engendrer un mimétisme dans lequel chacun assume ses différences avec l'autre et cherche à ce que ces différences permettent de construire des groupes ou des communautés éphémères ou durables: internet contribue à développer ce type de mimétisme grâce auquel se créent des groupes et des communautés autrefois de pensée (groupes de réflexion) et de plus en plus souvent d'action (mouvement makers). On se trouve alors devant une sorte de négatif du mimétisme girardien d'appropriation. On met en commun aussi bien les idées que les capacités techniques au lieu d'en garder la propriété. Il est même possible que ce soit là l'origine des collectivités humaines (voir plus loin "origines possibles" et voir aussi la rubrique mythe).

6 Origines possibles du mimétisme
Le mimétisme est un phénomène universel qui présente chez les humains des caractéristiques tout à fait particulières: c’est, on l’a vu, un système permanent de repérage, de référence réciproque et évolutif par rapport aux autres.

- Origine possible du mimétisme relationnel.
Étant lié à des rencontres physiques, il pourrait trouver son origine chez les humains dans une volonté de se situer les uns par rapport aux autres pour se regrouper autrement que dans des rapports de force, de domination ou dans la volonté de survie immédiate. Cet "autrement" aurait consisté à se situer les uns par rapport aux autres, chacun prenant conscience de ressemblances, de différences et donc de complémentarités entre individus d'un même groupe. C'est l'apparition de la spécialisation. On en trouve des germes dans les sociétés animales.

- Origine possible du mimétisme imaginaire.
Il se réfère à des personnages qu’on ne peut rencontrer soit par qu’ils sont morts, soit parce qu’ils sont publics et inaccessibles, soit parce qu’ils sont des créations de l’esprit. L’histoire de ce mimétisme imaginaire est celle de ce que grecs appelaient la mimésis ou façon de représenter la réalité (en particulier de personnages). La réalité doit être transformée pour être racontée. Toujours rivés à leur découverte de l’Idée et de l’abstraction, les Grecs ont été à l’origine d’innombrables théories et écoles sur la meilleure façon de raconter ou de décrire des situations et des personnages. A l'époque des grecs cela se traduisait par l’épopée, le récit et le théâtre. Plus près de nous sont apparus le roman, la nouvelle, la poésie, le cinéma, la fiction télévisée, la chanson, les bandes dessinées, etc. qui sont toujours des représentations de personnages auxquels se référer selon ce qu'ils éprouvent. C'est donc la recherche du mimétisme.

7 Évolution du mimétisme.
Le mimétisme se schématise de plus en plus sous forme de "stéréotypes"
Depuis longtemps certains dominants (écrivains, artistes) ont cherché à susciter et à transmettre des mimétismes dans l’esprit des humains. Parmi eux l’écrit, le spectacle et le divertissement (entertainment pour les anglo-saxons).
Jusqu’au début des années 2000, l'écrit occupait une place importante dans la transmission de mimétisme entre les humains. Dans les romans par exemple, les «écrivains» racontent des histoires et montrent des sentiments et des comportements de personnages imaginaires. Ils cherchent ainsi à provoquer un mimétisme entre ces personnages et leurs lecteurs.
Les moyens plus récents comme les films, les séries TV, les chansons, les news, le sport, les blogs, les jeux vidéo, les dessins animés, les réalités virtuelles, le théâtre ou l’opéra communiquent au cerveau presque toujours par l’image et le son. Contrairement au roman, ces techniques ne laissent qu’une faible part à l'interprétation et à l'imagination, et créent des phénomènes de mimétisme à la fois plus intenses et plus brefs. Il en est ainsi des «vedettes» de spectacles qui génèrent des mythes«éphémères » ou "des pensées uniques" (penser la même chose que le plus grand nombre) qu'elles soient morales ou politiques. Les structures neuronales engendrées par ces “idoles” ou ces pensées uniques varient peu d’un individu à l’autre. Cela devient des stéréotypes.

Le mimétisme imaginaire laisse une place de plus en plus étroite et dans des limites précises à l'interprétation et à la fantaisie de chacun.
Entendre ou lire l’histoire d’un héros, d’une épopée ou d’un roman peut donner lieu à des interprétations et donc à des formes de mimétisme très diverses : chaque lecteur ou chaque auditeur a sa propre vision des personnages et se crée des références par rapport à tel ou tel de ses caractéristiques.
Au théâtre, l’acteur et le metteur en scène restreignent l’interprétation du personnage en lui donnant une version personnelle: la variété des adaptations passe par autant d’acteurs et de metteurs en scène différents (Molière joué au XVIII° siècle ou maintenant). Le spectateur voit et entend le personnage à travers l’acteur ou le metteur en scène. Il y a alors deux mimétismes étroitement imbriqués: l’un concerne le mimétisme vers le personnage et l’autre vers l’acteur.
Le cinéma et la fiction resserrent encore les possibilités d’interprétation des personnages: les situations et les acteurs sont figés une fois pour toutes. De plus la quantité de personnages produits actuellement est telle que le mimétisme est éphémère. Le pouvoir mimétique de Jean Gabin était plus durable que celui des acteurs des films actuels. Ils sont beaucoup plus nombreux et sont mémorisées moins longtemps.

Les dessins animés, les bandes dessinées, les jeux et les clips vidéo ont amené un nouveau stade : ce n’est plus le personnage qui fait l’objet de mimétisme, ce sont des sentiments, des sensations et des situations schématisés que vivent ces personnages. C'est en cela qu'ils sont des stéréotypes dans l'esprit même de leurs créateurs.

Les personnages inventés n’ont plus qu’un nombre de caractéristiques restreint et schématique: bon, gentil, lâche, méchant, courageux, con, peureux, égoïste.
Chacun se réfère donc à des sensations schématisées, ce qui paradoxalement engendre à la fois l’individualisme et le sentiment d’appartenance collective. En effet ces schémas de pensées simplifiés peuvent devenir collectifs. Ils deviennent des stéréotypes.

Dans la musique rock, les instruments, les sonorités, les modulations, les harmonies sont eux aussi simplifiés. Ils suivent des stéréotypes.

Cela pose un problème : un mythe doit avoir des contours flous et imprécis pour créer de la cohésion sociale. Les schémas de pensée qui sont de moins en moins flous et imprécis peuvent-ils remplir un rôle de mythe ?

Tout est lié.
(Revu le 19/7/16)
Qu'en est-il en 2159 ?