compassion

Compassion et Grèce ancienne

Des dieux compatissants à une philosophie de la tolérance

Dans la genèse de la compassion humaine, la Grèce a une place importante que nous connaissons en particulier à travers ses poètes, ses écrivains, dramaturges et ses philosophes.
La Grèce Antique nous donne une image à deux dimensions:
- la première est la dureté du monde antique de dieux mégalomanes, égoïstes et jouisseurs dans la mythologie et de crimes psychanalytiques avant la lettre dans les tragédies par exemple.
- la seconde est la quête de la sagesse, par la discussion, la tolérance, l'indulgence, la pitié, autant de notions qui sous-tendent la pensée philosophique grecque et nous mènent vers la compassion.

Les minuscules sociétés grecques que sont les cités, paraissent avoir atteint une taille optimale, (quelques milliers de personnes) pour que dans le groupe (plus petit, c’est la tribu, plus grand c’est le royaume) chaque homme puisse s’exprimer en tant qu'individu libre: cela aboutit à ce qu'on appelle la démocratie où en principe chacun peut intervenir et donc tenir compte selon ses propres critères de ce que l'autre éprouve (compassion).

Dans ces cités, les dieux et les personnages des mythes joueraient un rôle de frein nécessaire dans cette libération de l'individu: ils agissent selon des interdits qui sont censés déstructurer la société. Cela concerne aussi bien les “mauvais” instincts (inceste, meurtre familial, cruauté) que les “bons” sentiments (philanthropie, compassion, pitié).
"Il ne faut pas être ni faire comme les dieux, mais il faut être bien avec eux."
Le caractère des dieux se transforme en fonction de l’évolution de la société. Curieusement, les dieux grecs réputés redoutables et les héros réputés implacables font dès Homère (-750), preuve de compassion: c'est même un de leurs privilèges.

La pitié-philanthropie chez les Grecs est au début (Homère) synonyme de compassion. Les auteurs gecs (tragiques, comique et philosophes) décrivent tout un champ de compassions: cela va de son rejet (la compassion est une faiblesse qu'il faut vaincre) jusqu'à l'obligation sociale, familiale ou hiérarchique (la compassion est imposée par les lois et les codes).
Plus tard la pitié originelle se banalise lentement pour devenir synonyme d'aumône légale.
La notion de philanthropie se dégrade progressivement pour devenir de pure forme vers -300. Le misthoi (SMIC pour les pauvres leur donnant droit à participer à la vie de la cité) disparaît sous Alexandre. La démocratie s’use en même temps que la compassion.

ll y avait à Athènes un autel de la pitié.
L’appel à la pitié est courant dans les tribunaux. Elle est même enseignée.
La pitié reste toujours pour les grecs une forme de sagesse, même si certains de ses aspects dégénèrent .

Dans la Grèce classique, les dieux bénéficient d'une sorte de privilège de la sagesse et de la philanthropie qui se manifeste par une compassion sélective (par exemple selon les héros qu'ils protègent). Au fur et à mesure de l’évolution de la civilisation grecque les dieux vont au delà de la compassion: ils pardonnent puis deviennent de plus en plus miséricordieux et sauveurs, pour aboutir à Eleusis et au dieu souffrant, puis viendra le dieu d'amour des Chrétiens.

La démocratie grecque s'est alors éteinte.


Quelques sources pour les citations:
Homère, Hésiode, Eutipide, Eschylle, Sophocle, Platon, Xénophon, Aristote etc

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