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Sp��culation (en 2159)

La monnaie autoreproductive, autrement dit de spéculation, selon un processus appelé à son début prêt à intérêts monétaire, prit à partir des années 1980 une telle importance qu’elle submergea complètement la monnaie utilisée pour les activités liées à la production: produits de survie, produits de plaisir, produits financiers liés à l'investissements. Les règles concernant cette monnaie autoreproductive étaient décidées par les dominants. Pourtant la monnaie servant à la production et à l'autoreproduction étaient libellées de la même façon.

Entre 2000 et 2073, il y eu de nombreuses phases dites de spéculation. La spéculation était un curieux phénomène: la «valeur» des entreprises et des activités économiques était découpée en petits morceaux appelés actions ou obligations avec des variantes infinies et des regroupements très compliqués. Cette valeur était exprimée en monnaie et dépendait uniquement de critères irrationnels, de rumeurs, d’informations tronquées, de paniques.

Quand une "valeur" augmentait tout le monde voulait «l'acheter». Quand elle diminuait tout le monde voulait la «vendre». Alors quand une action, après avoir monté, baissait, toutes les autres valeurs se mettaient à baisser aussi. Ces mouvements avaient peu de rapport avec l’activité de production qui leur était liée. Autour de l’an 2000 ces mouvements cycliques devinrent de plus en plus fréquents et importants.

Le paroxysme fut tel à certains moments que la valeur des activités de production mesurées en monnaie représentait une part très variable de la valeur de l’ensemble des valeurs financières mesurées dans la même monnaie. On atteignit un sommet en 2018 lorsque souffla un vent d’optimisme trompeur, comme toujours après une crise. Cela montrait que la monnaie comme étalon de mesure de l’activité économique ne signifiait plus grand-chose. On arrivait alors à de tels excès qu’une idée non encore réalisée, si elle était mise sous forme d’actions, pouvait se vendre contre un quantité de monnaie équivalente aux revenus du travail de plusieurs millions de personnes, c’est ce qu’on appelait des bulles spéculatives.

Par une aberration bien difficile à comprendre pour nous en 2159, la monnaie promise remplaçait la monnaie réelle. La monnaie promise était annoncée par les états et les banques sans qu’on sache s’ils pouvaient tenir de promesses. Comme on l’a vu, nous savons maintenant que ces procédés étaient rendus possibles par une confusion entre la monnaie pour la survie, le plaisir, l’investissement et à l'époque l’autoreproduction. Cette monnaie promise étaient empruntée par les états et les banques dont la dette augmentait et étaient reportée indéfiniment dans le temps dans des proportions inconcevables pour nous en 2159.

Nous avons essayé de comprendre les raisons de ces comportements effarants: il s’agissait de croyances collectives (mythes, voir ce sujet) entretenues par les dominants qui prédisaient les « pires catastrophes » si on ne tenait pas compte de la monnaie promise. Les dominants prétendaient aussi que les dettes ainsi accumulées devaient être remboursées, en les prélevant sur les revenus du travail (voir ce sujet) qu'il soit productif ou non ou en diminuant les dépenses collectives. Les dominants réclamaient des remboursements aussi sur les revenus des institutions financières qu'eux-mêmes approvisionnaient en monnaie promise. Cela rendait particulièrement vulnérables les pays où régnait la fraude des citoyens et des institutions financières selon un processus mafieux consistant à échapper aux contrôles des états et des collectivités. Mais la confiance sur laquelle reposait tout le système, s'affaiblissait et ces « pires catastrophes » annoncées se produisirent réellement. Ainsi les crises occasionnées entre 2000 et 2025 par les attitudes des états, des banques et des citoyens furent une des raisons qui peu à peu entraînèrent le monde dans ce qui allait être la Grande Crise entre 2025 et 2030. En effet certains états durent arrêter les règlements des soins aux malades, des revenus aux vieillards et aux fonctionnaires et stopper tout investissement collectif.
Une multitude resta ainsi sans travail et sans monnaie. On commença à fabriquer des produits de survie (nourriture, vêtements, abris) pour soi-même et pour ses proches. Contrairement à ce qu'on avait cru d'abord, ce phénomène se produisit aussi bien dans les anciens pays dits développés que dans les pays émergents car tous dépendaient les uns des autres.

Le mythe de la monnaie vacillait, des monnaies parallèles pour certains types de transactions virent le jour en dehors des états, le troc se développait grâce à Internet, les organisations mafieuses prenaient une importance insoupçonnable auparavant dès le début du XXI° siècle.

Mais les mythes de la monnaie et du travail avaient la peau dure, ils triomphaient malgré les crises. Le culte de l'efficacité et de l’accumulation de monnaie, qui depuis 300 ans avait commencé à remplacer celui de la violence et des mythes fondateurs, resta la pensée dominante des nantis jusqu’en 2073, malgré la Grande Crise de 2025-2030.

Enfin, la volonté d’accumulation de monnaie, tout comme l'intégrisme de pensée ne fut reconnus comme des maladies que bien plus tard.

Le culte de la monnaie accumulée grâce à la spéculation, diminua progressivement en particulier grâce à l’évolution des neurosciences et à l’utilisation systématique de l’ECB (voir neuroanalyse). Tout naturellement, la spéculation se mit à diminuer en même temps que l’individualisme au cours du XXII° siècle après des bouleversements considérables initiés en 2073.
Ce n'est qu'en 2130 que la spéculation financière fut interdite.En effet le 10 juillet 2130 parut dans tous les médias électriques de la planète la prescription internationale attendue depuis des dizaines d'années. Elle ne pouvait entrer en application que si l'ensemble des collectivités humaines l'acceptaient: états, ethnies, villes libres, territoires entre autres.
En voici le texte:
"L'utilisation de la monnaie est désormais interdite pour la spéculation. La monnaie mondiale acceptée par tous en 2105 comme étalon de valeur n'est désormais plus qu'un étalon pour l'échange de biens et de services entre particuliers et collectivités."

La mise en évidence dans les neuroanalyses du caractère indissociable de l’individuel et du collectif, du rationnel et de l’irrationnel est devenue en 2159 une réalité que les humains cherchent sans cesse à améliorer. Ils sont loin d’avoir trouvé des solutions définitives qui, nous le savons maintenant, n’existent pas. Cette humilité est peut-être notre point le plus positif, à nous qui vivons en 2159.

Tout est lié
(Revu le 12/5/16)